Michel Mercier, de Thizy à la place Vendôme

Nommé garde des Sceaux par Nicolas Sarkozy lors du dernier remaniement, Michel Mercier obtient enfin une consécration nationale. Retour sur le parcours de ce vétéran de la politique.

Conservera-t-il son fauteuil de président de l'Assemblée Générale du Rhône?

Quarante ans qu’il attendait ça. Nommé ministre de la justice à 62 ans, le notable lyonnais Michel Mercier accède à une des plus hautes fonctions de la scène politique nationale. « Un jour, tu seras ministre », auraient prédit ses camarades dans la cour de l’école de son village de Thizy. Ils n’ont pas manqué de flair. Il faut dire que les ambitions politiques de Michel Mercier sont précoces. A 24 ans, il devient conseiller municipal de cette commune de 2400 habitants au nord du département. Député de 1993 à 1995, à la mort d’Alain Mayoud dont il était le suppléant, Michel Mercier entre au Sénat en 95. Sept ans plus tard, il prend la présidence du groupe centriste de la chambre haute.

Pour parvenir à décrocher le poste de garde des Sceaux, Michel Mercier a dû prendre ses distances avec son ami François Bayrou, dont il était l’un des compagnons de route les plus anciens. Ses désaccords avec le président du MoDem étaient apparus lors des élections municipales de 2008 à Lyon. Il soutenait alors une alliance avec la liste de l’UMP Dominique Perben contre la création d’une liste autonome du MoDem. Au lendemain de son entrée dans le gouvernement Fillon en juin 2009 comme ministre de l’Espace rural et de l’Aménagement du territoire, il annonce qu’il se met « en congé » du Mouvement Démocrate et démissionne du poste de trésorier qu’il occupait dans le parti de François Bayrou. « Avec François Bayrou, nous avons des relations d’amitié anciennes, il y a les choix politiques d’un côté, l’amitié de l’autre », assure-t-il à l’AFP.

Beaucoup regardent toujours de haut ce provincial jugé un peu trop rond. Peu importe, Michel Mercier ne cesse de prendre du galon. Avec cette nomination place Vendôme, l’affaire du tram-train Rhônexpress sur un éventuel délit de favoritisme, appartient au passé. L’une des accusations portait sur un soupçon de financement occulte de la campagne de François Bayrou en 2007, dont Michel Mercier était le mandataire financier. A la veille de sa nomination, le parquet de Lyon a classé l’affaire de son «patron-ministre».

Le garde des Sceaux, «surprise» du dernier remaniement, peut désormais se concentrer sur son travail et n’hésite pas à prendre ses responsabilités. Récemment, il a même remis à sa place Brice Hortefeux en critiquant les commentaires de ce dernier dans l’affaire de Bobigny. Le ministre de l’Intérieur qui avait qualifié de «disproportionné» le jugement rendu par le tribunal à l’encontre de sept policiers ayant rempli un faux procès-verbal pour masquer un accident, en prend pour son grade. «Brice Hortefeux n’est pas ministre de la justice», lance Michel Mercier, avant d’ajouter dans une interview accordée au Parisien «Je ne laisserai jamais dire que les magistrats sont laxistes». Qui a dit que Michel Mercier était un centriste effacé ?

Alexis Conquet,  Gaspard Dhellemmes, Soraya Khireddine

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